Aujourd’hui il lui arrive de ne pas nous reconnaître, mais cette histoire, il nous la raconte tout le temps parce qu’avec d’autres Sahraouis, il s’est battu contre l'occupation espagnole en utilisant ses deux fusils.
Dans son pied, mon père a encore la trace d’une blessure par balle. Il a été blessé pendant la résistance contre les Espagnols, avant l'arrivé des Marocains.
En 1975, à leur arrivée, les Marocains ont dit à tous les Sahraouis de rendre ou de déposer les armes à l’armée marocaine. La raison qu’ils donnaient c’était : pour « éviter de vous battre entre vous les Sahraouis ».
Il se sentait manipulé par les Marocains en se séparant de ses deux fusils.
Mon père a oublié beaucoup des choses, mais cette histoire, il n'arrive pas à l'oublier.
Malgré les 35 ans écoulés, il nous dit qu'il rêve toujours qu’il les a encore.
Un homme dans le désert avec son arme est valorisé en tant qu’homme.
Celui qui enlève ses fusils à un Sahraoui, cela vaut dire qu’il l'a humilié.
Un Sahraoui avec une arme pour se défendre est homme valorisé dans la société.
Les deux fusils portent des noms en Hassanya : tssaaiya et sdassiya.
Tssaaiya: un fusil rechargeable avec neuf douilles
Tssaaiya vient du chiffre tessaa en arabe = neuf
Sdassiya : un fusil rechargeable avec 6 douilles
Sdassiya vient du chiffre seta en arab = six.
D'aprés Taleb, le 28 novembre 2010
Photo APSO